LE LIVRE DE LA RÉNOVATION
PAR
THEOPHRASTE
PHILOSOPHE ET MÉDECIN D'ALLEMAGNE
APPELÉ
PARACELSE LE GRAND
par Tanya et Les Frères
225, rue des Princelles
60640 Villeselve
REMERCIEMENTS
Remerciements à Max LÉGLISE qui eut l'obligeance de nous faire
bénéficier de ses connaissances et du fruit de son labeur, en préfaçant notre
traduction de l'anglais et en la corrigeant méticuleusement d'après l'original
allemand et le latin médiéval.
PRÉFACE
Dans ce texte,
Paracelse explique d'abord que la Restauration et la Rénovation opérées sur un
métal (que l'on régénère à partir de ses minerais ou de ses oxydes) n'ont rien
de commun avec la Rénovation et la Restauration qui peuvent avoir lieu chez
l'Homme.
Car, si d'une
part la régénération des métaux les ramène à leur origine, et si d'autre part,
le traitement alchimique par les trois principes (Sel, Soufre, Mercure) les
rend parfaits et indestructibles, pour l'Homme il ne saurait être question ni
de revenir à son point d'origine, ni d'accéder à une immortelle perfection. La
Restauration et la Rénovation chez l'Homme doivent donc s'entendre autrement
qu'en laboratoire.
Ici Paracelse,
pionnier du vitalisme et inspirateur de Van Helmont, invoque à la fois l'Esprit
de vie (Spiritus vitae) et l'Humeur radicale dont il est le
principe actif, en précisant que ce ne sont pas eux qui produisent la
Rénovation et la Restauration mais leurs émanations (on dit aujourd'hui leur
métabolisme).
La Rénovation et
la Restauration sont acquises non par un renforcement de l'Humeur radicale mais
par une transformation des réserves de la matière corporelle.
Utilisant la
méthode analogique qui a tant servi avant les rigueurs du rationalisme, il
compare ce problème à la situation d'un arbre, dont l'humeur radicale est la
réserve de sève contenue dans le tronc, tandis que la Rénovation et la
Restauration, chaque année, consiste dans la production des fleurs, des
feuilles et des fruits.
Sous un aspect
plus détaillé, la Rénovation et la Restauration passent par la médiation des
quatre humeurs (héritées d'Hippocrate et de l'Antiquité) et des quatre Eléments
avec leurs quatre composants couplés : chaleur et froid - humidité et
sécheresse. De là résultent quatre complexions (on dira plus tard
"tempéraments"), qui sont des propriétés natives à travers lesquelles
s'exercent l'Humeur radicale et le Spiritus vitae, et non l'inverse.
A partir de là,
il montre que la Rénovation et la Restauration ne portent pas sur les organes
du corps proprement dits, mais sur des affections pathologiques réputées à
cette époque incurables, telles que la lèpre, l'épilepsie, la folie, le charbon
et différentes formes de goutte déformante.
Dans le cas de
la lèpre, par exemple, la Rénovation et la Restauration ont un effet tellement
puissant qu'elles chassent aussi les autres maladies qui l'accompagnent.
Dans tous ces
phénomènes, c'est l'élément FEU qui opère, comme une émanation du Spiritus
vitae, "telles les forces brûlantes d'une ortie", dit-il, et
plus loin : "la Rénovation et la Restauration sont des ignitions de la
Nature, issues d'une force que nous ne pouvons représenter..." et ce
en toute logique puisque "le Feu est le grand purificateur de la Nature".
Mais il s'agit en l'occurrence d'un feu qui n'est pas de flamme, mais d'un feu
"essentiel" et invisible qui agit à l'intérieur du corps (que nous
appelons aujourd'hui "chaleur").
Mais il ne
suffit pas d'en parler, il faut aussi traiter.
Après un renvoi
aux Archidoxes, s'inscrit la liste de
toute une série de produits végétaux et minéraux propres à effectuer la
Rénovation et la Restauration, à condition d'être amenés à l'état de magistère
ou de quintessence. Le plus noble et le plus puissant d'entre eux, après
l'Antimoine, est "L'OR POTABLE" qu'il nomme aussi "OLEUM
AURI".
Ces préparations
magistrales nous amènent, rétroactivement, à la notion de "PRIMUM
ENS" (toujours exprimé en latin), que l'on peut traduire par "Essence
première", "Entité première", ou mieux encore "PREMIER
ÊTRE" (le latin et le grec -- comme l'anglais -- usant du participe
présent, là où nous employons plutôt l'infinitif substantivé), sur lequel
Paracelse s'étend beaucoup dans la deuxième partie du Traité.
On peut
s'interroger sur ce qu'il entendait par ce "Premier Etre" des métaux,
des minéraux et même des autres substances. Les propriétés qu'il lui attribue
indiqueraient que ce "Premier Etre" est ce qu'il y a de permanent et
d'immuable -- autrement dit d' "essentiel", au sens propre -- dans
l'élément en question, quelque chose qui serait la préfiguration du concept
atomique et moléculaire actuel.
Avec cependant
une différence énorme : les corps simples de la chimie sont en général peu
actifs dans leur état naturel, tandis que les "premiers êtres" de
Paracelse sont hautement actifs, purificateurs, voire transmutatoires.
Comme tout ce
dont Paracelse parle a été éprouvé et traité par lui-même (il suffit de lire le
Premier et le Second Manuel qui se trouvent à la fin des œuvres complètes dans
l'édition Huser de 1605, pour s'en convaincre) cela signifierait que l'alchimie
connaissait des états et des propriétés de la matière que la science moderne
n'a pas encore retrouvés. Il y a un "secret", en tout cas, qui semble
resté inviolé, du moins dans le domaine public, c'est celui du SEL CIRCULÉ avec
lequel Paracelse faisait toutes ses extractions.
Max LÉGLISE
LE LIVRE DE LA RÉNOVATION ET DE LA
RESTAURATION
Par THEOPHRASTE,
Philosophe et Médecin
d'Allemagne, appelé
PARACELSE LE GRAND
Nous devons avant tout comprendre ce
que sont la Restauration et la Rénovation ; quelles sont ces choses qui
restaurent et rénovent, et en outre ce qui peut être renouvelé et restauré dans
la création des choses. Tous les Mineralia,
en effet, sont donc rajeunis, rénovés et restaurés, de sorte que le fer rouillé
peut de nouveau être ramené à du fer neuf, et le vert-de-gris en son cuivre.
Ainsi, le minium peut également être converti en son plomb, la chaux de Jupiter
en étain. Ici, par conséquent, rénovation et restauration signifient ce
processus qui ramène une substance détruite, ou rouillée, ou consumée, à sa
jeunesse et à sa parfaite essence. Mais il faut comprendre que cela n'est ni
"restauré" ni "rénové", mais seulement "réduit",
et ne peut, en aucune façon, être comparé à cette restauration ou rénovation
que nous nous proposons d'exposer. Car bien que la rouille ne soit toutefois
pas un métal, celui-ci n'a cependant pas été détruit dans son essence. Par
conséquent, en ce cas, cette rénovation ne peut ici être prise pour une
explication visant la restauration et la rénovation, parce que dans la race
humaine, une telle rouillure et ablution n'a pas lieu ; et c'est ce qui a fait
que les hommes n'ont pas besoin d'un renouvellement de ce genre.
De même, si un homme est sur son déclin
ou Decrepitus, cela peut être compris
comme une sorte de rouille dans sa substance, alors pareillement son corps sera
susceptible d'être ramené de son état de décrépitude à celui de la santé, comme
un retour de n'importe quelle sorte de maladie à la santé. Mais à ce sujet nous
n'avons à présent nul désir d'écrire. On peut aussi considérer comme une
rénovation le fait que les métaux découlent de (l'association de) sel, soufre
et mercure. Quand cette perfection est accomplie et amenée au métal effectif,
ce métal peut de nouveau revenir à ses trois éléments primordiaux, si bien que
son sel, son soufre et son mercure réapparaissent comme s'ils en étaient à leur
première génération, et l'élément métallique disparaît complètement et il n'y a
plus de métal. Il peut également se faire que la matière des trois éléments
primordiaux redevienne, une fois encore, un métal comme auparavant,
c'est-à-dire si le cuivre est de nouveau produit depuis les trois éléments
primordiaux du cuivre, et ainsi de suite. Dans le cas des métaux, une sorte de
régénération a lieu à partir d'un métal jadis complet en un métal de nouveau
parfait et complet. Mais ceci n'est nullement une restauration ou rénovation si
cela se réfère à l'homme, parce que nous ne pouvons être ramenés à nos trois
éléments primordiaux, ou réduits à notre sperme, duquel, de nouveau, nous
pourrions être une fois de plus rénovés et restaurés, comme dans le cas des
métaux précités. Car nous aurions alors le pouvoir de nous perfectionner
nous-mêmes par une seconde génération meilleure que la première ; de même le
fer, lequel est réduit à ses trois éléments primordiaux, et ensuite en argent
ou en or, et devient incorruptible par ce seul processus ; ou comme Saturne qui
de nouveau réduit à son mercure est, à la fin, transformé en un métal
incorruptible. Nous devrions de même être tout aussi capables de produire ou de
créer de nous-mêmes une créature immortelle, tandis qu'au contraire nous n'en
avons pas le pouvoir. Car nous manquons de cette matière primordiale (1), et
sommes dans l'impossibilité de revenir en arrière afin d'être constitués d'une
masse irréductible, mais devons progresser puisque nous avons commencé, et en
aucun cas nous ne pouvons recouvrer ni posséder ce par quoi nous procédons.
La restauration, alors, ou rénovation,
est d'une double nature. L'une, telle qu'appliquée aux métaux, que nous avons
présentée et rendue claire. L'autre, lorsqu'une vieille peinture est rénovée
avec des couleurs fraîches, de sorte qu'elle ait l'air récente et neuve comme
auparavant. Mais nous ne devons, par conséquent, comprendre là qu'une nouvelle
matière se soit formée au sein d'une ancienne, mais que la vieille peinture est
tellement drapée qu'elle peut paraître fraîche. C'est pourquoi, encore une fois,
ce genre de restauration ne peut être cité en référence à la restauration et à
la rénovation de l'homme. Mais restauration et rénovation doivent être
entendues en ce sens : que l'Humor Radicalis
de l'homme, agissant sur et stimulant le Spiritus
Vitae, ne sera ni diminuée ni refoulée, mais plutôt accrue en ses
pouvoirs et poussée en avant, de même un arbre auquel assistance est prêtée
pour la production de ses fleurs et fruits, afin que lorsque ceux-ci tombent et
sont morts, ils soient avec d'autres de nouveau procréés comme auparavant.
Mais, quoique l'exemple ici rapporté n'illustre pas dans le détail notre
théorie, il offre néanmoins le moyen de comprendre comment promouvoir l'Humor Radicalis de la vie tout comme nous le
montrions dans le cas de l'arbre. Nous entendons que la rénovation et la
restauration soient comprises ainsi : qu'elles ne sont pas produites dans l'Humor Radicalis (2),
mais dans ce qui est généré depuis la susdite et en tirent leur origine
matériellement et corporellement. Car de même qu'une cloche façonnée par la
fusion ne reçoit pas son son du timbre mais du corps, la restauration ou
rénovation ne prend pas non plus sa vigueur dans le Spiritus
Vitae, mais dans ce qui fait ledit Spiritus
; c'est-à-dire que l'une est matérielle, l'autre substantiel. Mais quand toute
cette substance dans laquelle l'Humor Radicalis
est présente aura été purifiée, son timbre sera également perfectionné, et
meilleur est le timbre, meilleur sera le corps. Et lorsque nous disons que l'Humor Radicalis procède du corps et des
membres, nous le comprenons comme ceci, à savoir que l'Humor Radicalis elle-même, et ce qui en
découle, sont comme la racine et l'arbre dont l'une ne peut vivre ni subsister
sans l'autre.
Il doit également être compris ici que
ces deux choses sont si intimement unies et conjointes qu'incapables d'être
séparées. L'Humor Radicalis et le Spiritus Vitae (3), avec
l'Humor Vitae, résident dans les
corps et dans les membres, tout comme dans les métaux se trouve la tonalité,
laquelle n'est pas vue, seulement entendue. Car le Spiritus
Vitae et l'Humor Radicalis
sont vraiment dans les corps. Il serait vain, par conséquent, de nous efforcer
de purifier ou de rénover le corps par leur intermédiaire ; mais il est exact
que le corps et la matière qui en sont nés et y ont leur origine devraient être
restaurés et renouvelés. De là, il peut être déduit que la restauration et la rénovation
sont les transmutations de membres existant de façon superflue dans le corps ;
afin que tout ce qui procède du corps, et non de l'Humor
Radicalis, disparaisse, et que quelque chose de nouveau naisse à la
place, tel que nous le percevons dans un arbre, dont toutes les feuilles, les
fleurs, les fruits, et les champignons tombent et re-naissent, cependant que le
bois lui-même n'est à aucun égard changé, qu'il s'écaille et re-naisse, mais il
demeure. Ainsi, en outre, demeure l'Humor
Radicalis. C'est la vie dans le corps ; et quand les corps rejettent
d'eux-mêmes les cheveux, les ongles, les dents, et choses semblables, ceux-ci
sont bientôt re-nés. C'est la restauration et la rénovation, par quoi la chose
qui devrait être restaurée et rénovée est restaurée et rénovée. Car chaque
restauration et rénovation s'opère dans les superfluités, et dans ces choses
qui ont leur origine et sont nées de l'Etre. La méthode par laquelle le corps
est apte à être restauré et renouvelé est suffisamment démontrée par les superfluités
qui ne forment pas d'excroissances sur la matière, tels que cheveux, dents,
peau et ongles, mais sont dans le corps comme quelque chose en excès. Ils ne
sont pas absents de la matière ou des substances corporelles, mais demeurent
dans leur essence comme quatre Humores
(4) (complexions). L'une procède de la froideur et de
l'humidité, laquelle est contenue dans tout le corps, et est née, n'ayant pas
la moindre place particulière ni la moindre origine ou point initial d'où elle
provient, ainsi que prouvé concernant les quatre Humores. Une seconde émane des
exacts contraires de la première, c'est-à-dire de la chaleur et de la
sécheresse, lesquelles, de même, sont pareillement dans le corps et n'occupent
aucune place ni origine spéciales, et produisent également du liquide. La
troisième est froide et sèche, prenant naissance identiquement. La quatrième
est chaude et humide, elle-même procédant également comme les autres.
Et il doit être noté ici qu'il arrive
que ces quatre Humores (5) n'existent pas toutes dans tous les corps, mais parfois
seulement une, parfois deux, quelquefois trois, d'autres fois quatre. Il doit,
en outre, être observé à leur sujet que dans le processus de rénovation et de
restauration, elles sont consumées et expulsées, pour la raison que la Nature
et la vie de l'homme peuvent exister sans elles, et ne reposent en aucune façon
sur leur besoin puisqu'elles n'existent que comme superfluités, comme la levure
dans le vin, ou l'écume s'en écoulant à l'automne.
En ce qui concerne les quatre Humores ainsi manifestées en l'homme, ceci,
aussi, doit être noté : que celles-ci ne sont pas rénovées ou restaurées parce
qu'elles ne proviennent pas de l'un des organes, Neque
Ex Majoribus Nec Minoribus. Non plus qu'elles résident dans le sang
ou dans la chair, ni en rien de semblable. Pas plus, une fois encore, qu'il
n'est vrai que l'Humor sanguine vient
d'un foie regorgeant de sang, ou la Melancholia
de la rate, la Cholera de la bile, et
la Phlegma du cerveau, et autres de
ce genre, étant donné que les organes susdits ne fournissent pas leur Humor à l'homme, mais que ces Humores naissent d'elles-mêmes et finalement
vont tout droit à la mort. Nous n'entreprendrons pas de discuter ici de ces
questions, parce qu'elles sont trop éloignées de notre texte sur la rénovation
et la restauration.
Puisque, donc, aucune des quatre Humores n'a sa place ni son origine dans les
corps, ce dont nous avons parlé, mais existent dans le Spiritus Vitae et dans l'Humor Radicalis, les Humores ne peuvent être renouvelées ou
restaurées. Mais une fois que le corps aura été clarifié, leur nature également
sera éclaircie.
Nous signalons, de la même manière,
comme étrangère à notre texte la répartition des Humores
selon l'âge, la région et le régime, parce qu'aucune n'est imprimée sur un
corps par ces trois-là. Il peut, en effet, arriver que la vieillesse entraîne
la Melancholia des corps, mais ce
n'est pas une Humor. De même, si le
lieu de résidence peut provoquer la Phlegma,
l'Humor n'est pas pour autant
flegmatique. La nourriture peut aussi faire en sorte que quelqu'un lui
ressemble, mais ceci n'a pas besoin d'être débattu ici puisque nous en
traitions dans la Construction du Corps (6). Pour une
répartition de cette sorte une phase spéciale d'intelligence est requise, vu
qu'il doit être remarqué que ce ne sont pas seulement des Humores, mais parfois des Mineralia également, et quelquefois des
corruptions, qui tous existent en tant que superfluités contre Nature et vertu.
De la même façon, ce doit être dit à propos des organes principaux qui
résistent à la rénovation et à la restauration, c'est-à-dire, en ce sens qu'ils
ne les perçoivent pas car ils ne les reçoivent pas en eux-mêmes, mais qu'ils
prennent tout ce qui les traverse, et est préparé avec eux, tout comme ils
absorbent de la nourriture, non un médicament. Mais partout où à la moindre
occasion des Humores ou superfluités
sont produites en eux, elles devraient être expulsées. Ainsi, en outre, ceci
doit-il être également compris pour les autres organes, à savoir, les os, la
moelle, le cerveau, le cœur, le foie, les poumons, les reins, la rate,
l'estomac, les intestins, les cartilages, les muscles. Et du sang, aussi, il
devrait être connu que la corruption ou superfluité existe en lui, bien que ce
ne soit qu'un Accidens. Et ainsi
également de la chair. Cet Accidens
est, pour ainsi dire, purgé au cours du processus de rénovation et de
restauration. Non pas vraiment qu'un autre sang soit engendré, mais que ce qui
est vicié en soit extirpé, et que le bon soit préservé et prédomine. Le même
jugement convient également quant à la chair.
Expliquons brièvement quelles sont ces
choses qui peuvent être restaurées et rénovées : Lepra,
Caducus, Mania,
Pustulae, Podagra,
ou Chiragra, ou Arthetica, et autres encore qui sont éliminées
au cours de la rénovation et de la restauration : à moins que ce soit quelque
maladie de naissance. Celle-ci ne partira pas.
Mais en ce qui concerne la Lepra, il se produit une telle transformation
dans le corps, que non seulement la Lepra,
mais même une maladie plus forte qu'elle en serait consumée et éliminée ; non
pas vraiment qu'il y ait une séparation du puro
ab impuro, mais la Lepra
est transformée en santé, comme le cuivre l'est en or, ce dont personne ne
s'étonnera car la rénovation et la restauration ne consument pas autrement que
le feu en argent ou en or ses faussetés et impuretés, et purifie. De même le Caducus et les Podagra,
Chiragra, Arthetica
sont emportés ; car toutes les choses qui résident dans le corps entier sont
aussitôt renouvelées, le sang et la chair, avec les autres choses qui y sont
inclues. Car, de même que l'alcali purifie le mercure lépreux en un meilleur
argent, ainsi également la rénovation et la restauration transmutent le corps
en une bonne essence, comme énoncé ci-dessus.
La rénovation et la restauration,
alors, expulsent tout ce qui est superflu et incompatible avec la Nature du
corps, et changent tout ce dont la Nature ne veut pas, ou qui était sans
importance, en quelque chose de bien. De cette façon, cela rétablit tout et le
fait croître de nouveau, ainsi que nous l'avons vu plus haut, ramène le corps
entier à la jeunesse, et ainsi de suite, pour cette raison que rien ne peut
résister à ces choses qui sont dans la nature elle-même.
Et à présent, nous devons voir par
quelle voie la restauration et la rénovation nous apparaîtra, à cause de son
ignition, qu'il y a dans le Spiritus Vitae
et dans l'Humor Radicalis. C'est par
cette ignition que les opérations précédemment décrites s'effectuent, de même
que dans la force par laquelle une ortie brûle. Car qui est si sagace qu'il
puisse sonder exactement des forces de cet ordre lorsqu'elles ne nous
apparaissent pas dans l'acte naturel, mais sont sensiblement appréhendées ? En
ce sens, aussi, la rénovation et la restauration sont des accessions à la
Nature produites par des forces que nous ne pouvons exprimer. Cependant, nous
savons que chaque chose visible est nettoyée et purifiée par le feu. La Nature,
en effet, exige que ce processus soit accompli par le feu, et qu'il soit
impossible par tout autre moyen. Nous comprenons, par conséquent, deux feux, un
feu matériel et un feu essentiel (7). Le feu matériel
opère par la flamme et consume ; le feu essentiel par son Essentiam et ses Virtutes.
Comme une cantharide, brûlant la peau et la soulevant en boutons, un feu très
violent n'est pourtant tout de même pas du feu, ni n'est ressentie comme tel.
Une flamme et une ortie produisent le même effet, ainsi que nous l'avons dit à
maintes reprises.
Il est également certain que la
rénovation et la restauration accomplissent de cette façon leurs opérations
quand elles pénètrent dans le corps ou lui sont associées, parce qu'une telle
opération y produit le même effet dans un Mercurio
Saturni ou Martis qui est
associé avec son Réalgar, et bien qu'aucune chaleur ne soit encore brûlante,
néanmoins, ils brûlent ensemble comme le bois, et au fond se trouve le métal
parfait qui auparavant apparaissait totalement lépreux.
Et, une fois de plus, qui peut
complètement tracer ou sonder comment il se fait que lorsqu'un
"migdalio" (8) a été fortement liquéfié à l'aide
du Circulé, il devienne du Mercurius.
La rénovation et la restauration ne doivent autrement être pensées par nous
qu'en ce qu'elles accomplissent leurs opérations de même la chaux, qui est
éteinte par l'eau, et se purifie elle-même, de sorte que tous ses pouvoirs et
âcretés soient emportés et chassés par son feu essentiel.
La rénovation et la restauration de
notre nature ne sont pas différentes de celles de l'alcyon, oiseau qui, en
effet, se renouvelle dans sa propre nature particulière ; et on trouve beaucoup
d'autres animaux semblables qui ont le pouvoir de le faire, dont mention fut
faite à divers égards dans nos Archidoxes,
et plus encore dans Secretis Nostris (9), desquels davantage d'exemples auraient été cités s'ils
n'étaient si éloignés de notre texte concernant la rénovation et la
restauration, où les démonstrations que nous avons faites finirent également
par être comprises ici quant à la rénovation, tandis que nous disons et
répétons que nous ne pouvons suffisamment savoir comment opère le feu, bien que
nous le voyons consumer le bois, parce que de par sa chaleur excessive, il
vient à bout de et consume tout. Mais, laissant ceci, prenons une autre
direction.
Étant donné, donc, que nous avons
parlé assez longuement jusqu'ici de l'origine de la rénovation et de la
restauration, indiquons maintenant ces choses qui rénovent et restaurent. Nous
avons, en effet, dans nos Archidoxes,
enseigné par écrit comment les préparer, et les avons intitulées selon leurs
propres noms afin qu'elles puissent être reconnues et repérées. Nous avons à
présent l'intention d'en dresser la composition, et pour la première fois tous
les procédés. Mais tandis que nous enseignons les Simplicia
et les Arcana, il doit être entendu
que leurs opérations sont menées de diverses manières. Car on en trouve
certains qui purgent violemment la Lepra
au moyen de la rénovation et de la restauration, mais en dehors de cela ne
touchent aucune autre maladie ; ils sont malgré tout parfaits pour la
rénovation et la restauration.
Hormis ceux-ci,
dans les distinctions de ces sortes de maux, se trouvent la Quintessentia, le Magisterium,
et l'Elementum Antimoni, lequel
purifie le corps de la Lepra, tout
comme à cet égard l'argent et l'or liquéfiés, et en ceux-ci il ne laisse aucune
trace d'impureté.
De même l'Elementum Auri et sa Quintessentia Auri, ainsi que l'Oleum Auri du susdit et l'Aurum Potabile, font disparaître la Lepra, conjointement avec toutes les maladies,
rénovent et restaurent. Les Quinta Essentia
Ellebori, Chelidoniae et Melissae, et Valerianae,
et Crocci, et Mannae, et Bethonica
rénovent également le corps, exception faite de ces maladies que nous avons
mentionnées ci-dessus, car celles-ci ne déclinent aucunement.
Les Quinta Essentia Perlarum, Smaragdi, Saphyrorum,
Rubinorum, Granatorum, Hyacynthorum
rénovent aussi le corps jusqu'à totale perfection. Elles suppriment les
maladies tartreuses comme les Calculum,
Arenam, Podagra,
Chiragra et Arthetica, en même temps que les congélations
et coagulations, et maladies similaires qui résultent du Tartre. Ainsi aussi la
quintessence et les magistères des minéraux et des liquides rénovent et
restaurent tout le corps de la moindre imperfection, et le libère des Caduco, Syncopi,
Suffocationes et toutes maladies avec
perte des sens, telles que les Mania,
Vitista, et chose semblable.
Les Magisteria et l'Essentia
Tartari et Alcali rénovent
également le corps d'une parfaite restauration, éliminent tous les Apostemata, Putrefactiones
et Humores Grossos.
De même, les Essentiae, Extractiones
et Magisteria Von Pharmacis Majoribus
rénovent et restaurent le corps entier, éliminent les fièvres, à la fois
quotidiennes, quartes, chroniques et éphémères. Pareillement, les substances
primaires des pierres précieuses peuvent rénover et restaurer la totalité du
corps, et extirper toutes les maladies des femmes avec leurs Accidens et, en outre, rendre productif et
fécond le mari. Les susdits arcanes ôtent toutes maladies de longue date et
incurables par la rénovation et la restauration du corps à ses forces et
énergies supérieures.
Pareillement, en
outre, la Quintessentia ex Balsamo
rénove et restaure le corps. Elle élimine les pleurésies et les pestes grâce à
ses admirables effets et pouvoir de perfection. De cet ordre, aussi, sont bien
des choses également énumérées ailleurs, auxquelles une vertu de beaucoup
supérieure peut être attribuée.
En ces matières,
cependant, il doit être entendu que les compositions doivent être soigneusement
observées. Car bien qu'il y en ait un grand nombre, toutefois aucune ne suffit
généralement par elle-même à guérir toutes les maladies, mais de telles
maladies doivent être expulsées par les médicaments de la rénovation. Pour
terminer, donc, nous nous proposons de démontrer la manière et la pratique de
notre intention, quoique nous ne puissions noter tous les procédés car ceci ne peut
être nécessaire. Celui qui nous comprend peut accomplir nos écrits. Celui qui
ne nous comprend pas ne sera pas plus instruit par nos écrits. Cependant, nous
consignerons tout le processus avec suffisamment de détails, mais ce serait, en
vérité, une lourde tâche pour nous de rédiger ces choses qui ont été écrites
par beaucoup d'autres ou sont déjà connues. Ceci, dans toute sa perfection, ne
peut s'accomplir mieux que par le Primum Ens,
en lequel se trouve une nature particulière car opérant sur le corps et
transmutant son essence. Car ce Primum Ens,
en effet, est un composé imparfait prédestiné à une fin déterminée et à la
matière corporelle. Et, parce qu'il n'est pas parfait, peut transformer tout ce
qui lui est incorporé. De même que le Mercurius,
qui est semblable à un Primum Ens
imparfait, dans sa propre imperfection : quoique celui-ci soit déterminé et
limité, il n'est pourtant pas modifié dans son imperfection, mais dans sa
limitation.
Le Mercurius, également, a le pouvoir de rénover
tout le corps parce qu'il y a en lui une puissante force laxative, et
transformatrice aussi bien, qui ne peut être suffisamment approfondie.
Pourtant, toutefois, il est tout à fait imparfait et inutile dans son
opération, pour la raison qu'il est Mercurius,
et son Primum Ens ne devrait pas être
prédestiné à un autre corps. Parce que tel qu'il est en lui-même, telle est sa
perfection. Néanmoins, nous parlons d'un Primum
Ens qui est parfait pour rénover et restaurer le corps entier, tel
qu'est le Primum Ens Auri. Et pour
cette raison, il embrasse complètement le Spiritus
Auri et est plus subtil, même beaucoup plus, en effet, que l'or
véritable lui-même.
De là, en outre,
le Primum Ens Auri est pénétrable,
tout comme un Mercurius dans les
métaux, et ne contient pas en lui-même le Spiritus
Salis par lequel il peut être coagulé. Car le Spiritus Salis coagulant le Primum Ens lui ôte tant de force que l'or,
dans ses effets, n'a plus que le centième de puissance de son Primum Ens. De même le vin qui a gelé jamais
ne revient à sa force primitive.
A présent, afin
que nous puissions parler de et écrire parfaitement sur la rénovation et la
restauration, il devrait être entendu que le Primum
Ens, c'est-à-dire le premier composé d'or qui existe en tant que Liquor non encore coagulé, rénove et restaure
tout ce sur quoi il s'étend, non seulement l'homme, mais aussi tous bestiaux,
fruits, herbes et arbres. Et ceci n'est pas différent à comprendre du minerai
d'un métal qui recèle de bien plus grandes vertus que son propre métal, car
dans la forme minérale se trouvent les Spiritus
Arsenici, Salis, Sulphuris et Mercurii.
Quand ceux-ci sont purifiés par le feu, ils s'éliminent et il reste un métal
dans son essence.
Il en est de
même à comprendre en ce qui concerne le Primum
Ens des marcassites, telles que Antimonii,
lequel devrait être non moins connu que le Primum
Ens Auri. In Primo Ente Antimonii,
en effet, il existe une telle force que de lui-même, de par sa propre nature
particulière, il transmute tout ce dont il s'empare. Tout comme l'Antimonium lui-même le fait par le feu, parce
que dans son coagulat résident les Virtutes
suivantes : il détache du corps tout ce qui est généré par l'Humor Radicalis, et rénove entièrement ledit
corps depuis son seul fondement ; car son Primum
Ens s'établit dans une telle prédestination que cette essence sort
d'elle-même comme la chaleur sort d'un feu. Cela doit être compris de même
concernant le Primum Ens des résines.
L'Ens Primum Sulphuris est une totale
transmutation du corps en certaines rénovations et restaurations ; et il est si
véhément qu'il teinte toutes les Entia Prima
Metallorum en sa propre essence, annule leurs effets, les réduit de
nouveau à leur Materia Prima, et les
achemine ensuite vers un nouveau corps parfait. En effet, le Primum Ens ex Sulphuris possède un tel pouvoir
sur le corps de l'homme, qu'il en rénove toutes les Humores
Radicalis, et tous leurs alentours.
De la même
manière, aussi, pouvons-nous parler de Ens
Primum Gemmarum qui, en effet, de par leur essence fondamentale,
rétablissent plus puissamment le corps entier dans ses pouvoirs primitifs, le
nettoient de toutes ses impuretés, et le rénovent et le restaurent tout comme
le feu transforme le plomb en verre le plus pur. Car l'Ens Primum Smaragdi se régénère et se
renouvelle lui-même du fait qu'il existe depuis l'origine en tant que corps
parfait, tel un marbre vert, lequel, de par sa propre prédestination, possède
une nature telle qu'il se rénove lui-même de toutes saletés et impuretés, et se
coagule une seconde fois jusqu'à ce qu'il devienne pur. Parfois il se
renouvelle lui-même ainsi une troisième et une quatrième fois, et rajeunit ; et
plus souvent, il se régénère lui-même de cette manière, plus pur et plus fixe
il devient. Aussi loin, d'ailleurs, que les Virtutes
des Prima Entia me soient connues,
celles-ci assurément surpassent de beaucoup tout le reste.
En outre,
également, concernant les Entia Prima Salium,
il devrait être remarqué que, dans leurs Virtutes
spirituelles, elles vont bien plus loin que dans leur perfection. Par
conséquent, l'Ens Primum Vitrioli
transmute tous les métaux blancs en rouges et les rouges en blancs, et maîtrise
toutes les perfections comprises en eux. Il rénove et restaure tous les corps
imparfaits des métaux, comme l'étain en son Primum
Ens, et de nouveau en étain, dans lequel il est plus de Virtutes que dans l'étain originel.
De même, il
ramène à l'Humor Radicalis tout ce
qui procède de ces Humores Radicales,
et rend les susdites rénovation et restauration plus parfaites, plus abondantes
et plus pleines, car rien d'autre n'opère aussi puissamment sur l'Humor Radicalis.
De la même façon
le Primum Ens des herbes et des
arbres se comporte avant d'avoir reçu leur corps, c'est-à-dire leur tige ou
tronc, et est mille fois plus puissant qu'une fois corporifié. De même, l'Ens Primum Melissae rénove et restaure le
corps bien plus fortement qu'il semble possible aux choses naturelles. Il faut
donc comprendre que l'alcyon n'est pas rénové ni restauré par sa propre nature,
mais qu'il est dans sa nature de se nourrir et vivre des Prima Entia en ce sens que : Quand il mange
les corps des herbes, ou des graines et autres de ce genre, son estomac, grâce
à la digestion, les réduit à leur Primum Ens,
et ensuite, par ce Primum Ens, il
parfait cette opération. Car sa digestion fut seulement prédestinée aux Prima Entia. C'est pourquoi il transmute toute
sa nourriture et sa boisson en un Primum Ens,
et pourquoi aussi il ne mange que ces corps qui régénèrent et restaurent, dont il
est tout le temps pourvu et nourri dès son éclosion. En attendant, c'est sa
propre nature qui après la mort est renouvelée et restaurée ; du fait que tous
ces Prima Entia ne peuvent progresser
dans l'oiseau tant qu'il est en vie, puisque la vie de cet oiseau ôte tout
pouvoir à ces entités en les transformant en sang et chair ; mais quand il est
mort, il prospère suivant les saisons ; et tout comme les Prima Entia se produisent dans la terre, ainsi
se produisent-ils alors dans l'oiseau lui-même, et de cette façon rénovent et
restaurent la peau morte. Cela est vraiment, dans la Nature elle-même, une
grande merveille que ses pouvoirs et vertus. Si ces choses ne s'étendaient pas
devant nos yeux, il serait invraisemblable de les écrire. Pour cette raison, aussi,
il arrive que les alcyons muent eux-mêmes à des époques irrégulières, certains
plus tôt, certains plus tard, tandis qu'ils ont plus tôt ou plus tard mangé les
Prima Entia ; car quelques-uns
naissent et surviennent plus tôt ou plus tard que d'autres. De plus, beaucoup
de vers sont renouvelés et restaurés pour ce motif qu'ils sont alimentés et
nourris de Prima Entia tandis qu'ils
sont encore imparfaits dans la terre. Il y a plus de merveilles qui nous sont
cachées que révélées.
L'on pourrait en
écrire plus copieusement si elles n'étaient pas aussi éloignées du texte du
livre sur la rénovation et la restauration.
Et malgré le
fait comme nous l'avons écrit, que nous ne puissions extraire le Primum Ens, dans son essence, néanmoins cela
nous est tout à fait possible. Car si nous savons où se cache le minerai de
l'or, c'est là aussi que nous trouverons son Primum
Ens si nous arrivons avant sa perfection. Car à certains signes, on
peut savoir comment le métal est situé et apparenté. Ainsi, tandis qu'il est
dans son Primum Ens, il rend les
arbres fertiles ainsi que leurs fondations terrestres. Il rénove les vieux
arbres qui pendant vingt ans n'ont porté aucun fruits ; car une fois que l'Ens Primum Auri s'est emparé d'eux, ou de
leurs racines, il recommencent à verdir et à fleurir de bonne heure. Mais bien
qu'il y ait beaucoup plus de merveille concernant l'Ens
Primum Auri que nous n'en décrivons, elles suffisent à une
démonstration du Primum Ens qui s'y
trouve.
Mais quand on
voit des flammes et des étincelles, on doit alors en conclure que le métal sort
son Primum Ens, et entre en
coagulation. Celles-ci sont considérées comme des indices sur De Origine Mineralium qui s'appliquent à l'or,
à l'argent ou aux autres métaux ; car les signes des autres Prima Entia quant à leur origine sont
semblables à ceux dont nous avons parlé.
Lorsqu'on voit
et trouve un signe de ce genre, il doit être compris que ledit Primum Ens n'est pas concentré, comme c'est le
cas quand il repose dans sa perfection, mais qu'il est disséminé à l'extrême
dans toute la terre. Par conséquent, cette terre est au pouvoir des Prima Entia, et ceux-ci en sont extraits.
Telle est la chélidoine quand elle n'est pas encore composée. Son Primum Ens se trouve dans la terre, où il a sa
place. Pour cette raison, on doit prendre la même terre, et de celle-ci faire
un extrait, aussi loin que se trouvent la force et les indices de la
chélidoine. Il doit être noté qu'entre le Primum
Ens et la perfection, il y a cette différence : le Primum Ens possède le pouvoir de rénover pour
les raisons que nous avons indiquées, mais une fois parfait, il n'a que les Virtutes des natures, de sorte qu'il tend dans
cette direction, mais non parfaitement. On peut donc en déduire que si l'on
souhaite rechercher les mêmes Virtutes
que celles des Prima Entia, elles
doivent être tirées de leur coagulation, et désagrégées, comme indiqué dans les
Arcana et Quintessentia.
Mais que toute chose ait plus de force dans son Primum
Ens, cela n'émerveille pas les philosophes parce que de même, hors
d'une terre quelconque dans laquelle une herbe est essentiellement produite,
avant d'être corporifiée, toutes les Virtutes
de celle-ci peuvent être extraites, afin que lesdites Virtutes puissent être préservées et la terre
remise à son emplacement, de sorte que dans le futur ce soit seulement de la
terre sans aucune fertilité, car son Primum Ens
qui se trouvait dans la terre en a été extirpé.
De cette
manière, il se produit souvent que le pouvoir d'un Primum
Ens de cette sorte puisse être enfermé dans un verre, et amené à une
condition telle que la forme de cette herbe pousse d'elle-même sans la moindre
terre, et que même quand elle s'est complètement développée, elle n'ait pas de
corps, mais quelque chose en forme de corps, pour la bonne raison qu'elle ne
possède pas de Liquorem Terrae. De
là, il arrive que sa tige ne soit rien de plus qu'une simple apparence, que
l'on peut de nouveau réduire en un liquide avec le doigt. Tout comme la fumée
qui montre une forme substantielle mais qui est insaisissable. Dans les choses
de cette nature qui croissent, le Primum Ens
est totalement inaltéré et dans toute sa perfection, comme dans la terre.
C'est pourquoi,
l'or fini est produit de cette façon depuis l'Ens
Primum Auri, lequel au toucher est semblable à de l'eau rouge, et
est élevé et exalté comme l'or.
Mais nous n'en
disons pas plus et procéderons ensuite par ordre à la pratique de ces choses
qui rénovent et restaurent, si elles sont préparées selon les règles de l'art.
Ces choses, quoique brièvement écrites par nous, sont suffisamment patentes,
néanmoins, pour les hommes intelligents, c'est-à-dire ceux qui possèdent une
solide instruction en médecine et Philosophia.
Tout d'abord,
donc, nous devons distinguer ces choses qui rénovent et restaurent, ainsi que
nous l'avons montré, et leur Primum Ens
doit en être extrait, et par cela l'œuvre de rénovation et de restauration être
accompli. Par suite, nous établissons quatre mystères, c'est-à-dire un des Mineralia, un des Gemmae,
un des Herbae et un des Liquores, comme suit :
PRIMUM
ENS MINERALIA
(Le
Premier Être des Minéraux)
Prenez du Mineral Auri vel Antimonii, très
minutieusement pilés, une livre, du Salis
Circulati quatre livres. Mélangez-les ensemble, et laissez-les
digérer un mois au Fimo Equino. De là
sortira une eau, dont la portion sera Purum ab
Impuro. Prenez le pur, coagulez-le en une pierre, que vous
calcinerez avec du Vino Cenifiato,
séparez de nouveau, et dissolvez sur le marbre. Faites putréfier cette eau un
mois durant, et de là une Liquor sera
engendrée dans laquelle se trouvent tous les indices comme dans l'Ens Primum Auri ou dans l'Ens Primum Antimonii. C'est pourquoi, avec
bonne raison, nous nommons celle-ci le Primum
Ens de ces choses. De même, cela s'entend aussi du Mercurius et autres.
PRIMUM
ENS GEMMARUM
(Le
Premier Être des Gemmes)
Prenez des
émeraudes, bien pilées, 3j., calcinez-les dans du Sale
soluto jusqu'à ce qu'elles aient blanchi, et qu'elles soient
dissoutes. Enfermez la dissolution dans une fiole Luto
Hermetis, et placée à feu nu, dans un verre nu, de façon que la
matière flotte en haut et qu'elle ne touche pas le fond, et continuez jusqu'à
ce que, de son état spirituel, elle tombe au fond dans un corps semblable à une
Liquor Mellis. Celle-ci manifeste les
Virtutes de la Smaragdi, et, pour cette raison, peut à juste
titre être appelée l'Ens Primum Smaragdi.
PRIMUM
ENS HERBARUM
(Le
Premier Être des Herbes)
Prenez de la Melissa ; battez-la, enfermez-la dans un
récipient en verre Luto Hermetis, et
placez-la in Ventrem Equi, puis
faites digérer un mois sur le sable. Séparez ensuite le pur de l'impur, versez
le pur dans un récipient en verre avec du Sale
soluto et, une fois fermé, exposez ceci in
Sole pendant un mois. Cette période écoulée, vous découvrirez une Liquorem Spissum au fond et le sel flottant en
surface. Une fois ceux-ci séparés, vous aurez les Virtutes
Melissae, comme dans leur Primum Ens
; et celles-ci sont véritablement l'Ens Primum
Melissae.
PRIMUM
ENS ex LIQUORIBUS
(Le
Premier Être tiré des Liqueurs)
Prenez le minerai du Sulphuris, et du Salis
soluti ; laissez-les se dissoudre d'eux-mêmes complètement en une
eau que vous distillerez quatre fois, jusqu'à atteindre la blancheur, laquelle
révèle toutes les Virtutes Entis primi Sulphuris.
Par conséquent, et à juste titre, nous pouvons la nommer l'Ens Primi Sulphuris.
Maintenant que les quatre Prima Entia ont été ainsi généralement
décrits, il faut observer de quelle façon les utiliser et sous quelle forme les
aborder afin que leurs Virtutes puissent être perçues. Voici la méthode. Mettez
n'importe lequel de ces Prima Entia
dans du bon vin, en quantité telle qu'il en soit teinté. L'ayant fait, il est
prêt pour ce régime. Un peu de ce vin doit être bu chaque jour à l'aube,
jusqu'à ce que tout d'abord tous les ongles tombent des doigts, ensuite des
pieds, puis les cheveux et les dents et, enfin, que la peau soit desséchée et
qu'une nouvelle peau soit conçue.
Une fois tout ceci terminé, ce médicament
ou potion doit être abandonné. Et, de nouveau, d'autres ongles, cheveux, et
nouvelles dents poussent, aussi bien que la peau neuve, et toutes les maladies
du corps et de l'esprit s'éliminent, comme on l'a indiqué précédemment. Sur ce,
nous conclurons notre petit livre sur la rénovation et la restauration.
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(1) Il
faudrait noter que tandis que toutes choses sont formées dans les trois
principes fondamentaux, elles ne peuvent être séparées sans la destruction de
la matière élémentaire elle-même ; car dans la séparation la vertu du Mercure,
du Soufre, du Sel, disparaît et retourne à la matière première, ainsi qu'on
peut le voir en dehors du Microcosme, le Mercure étant transmuté en suie, le
Soufre en huile, le Sel en alcali, d'où il est manifeste que la matière
première ne puisse se transformer en matière ultime en l'absence d'un médium. ?
Chirurgia Magna, Tract III., Lib.
III.. [Retour au texte]
(2) Pour la conservation
de l'humidité radicale en sa propre qualité, une médecine est requise qui est
aussi une humidité matérielle, et pendant que celle-ci est administrée, aucune
maladie ne peut être contractée. - De Morbis
Metallicis, Lib. II., Tract IV., c. 5. Dans le même traité, l'alun
est dit contenir une humidité élémentaire contre le feu du Microcosme. [Retour au texte]
(3)
L'esprit de vie est un esprit situé dans tous les membres du corps,
cependant qu'ils peuvent être dénommés individuellement. En tous et chacun de
ceux-ci, ledit esprit unique réside, et il est la seule vertu indifféremment
d'eux tous. Il est ce grain supérieur et le plus noble duquel tous les membres
tiennent leur vie. Mais étant étendu et propagé, il se manifeste de différentes
façons selon la diversité de ses centres... Toutefois, ses potentiels ne font
qu'un. Les vertus qui sustentent les os ne sont aucunement plus faibles que
celles qui nourrissent et fortifient le coeur, ni n'abondent-elles davantage
dans le cerveau que dans la moelle, bien que le contraire puisse sembler exact.
Il y a la même nécessité pour le cerveau que pour la moelle, et les vertus des
deux sont identiques. Une loi similaire prévaut à travers tous les membres.
Certains d'entre eux peuvent paraître d'une plus grande importance, néanmoins
un esprit de vie est le modérateur, la vertu, le pouvoir, et leur opération à
tous. L'esprit de vie émane de causes ou générations extérieures, non de celles
qui sont naturelles selon la chair. Tandis que la génération des autres choses
est double, celle de l'esprit est simple. ? De
Viribus Membrorum, Lib. I., c. I. [Retour au texte]
(4)
En ce qui concerne les quatre complexions - bile, sang, mélancolie et
flegme, nous ne devrions nullement être identifiés à cette opinion qui soutient
qu'elles sont ou dérivent des étoiles ou des éléments. Nous ne considérons pas
ceci comme exact, même au moindre degré. Le principe ou origine de la bile
provient de l'amertume ; la mélancolie de l'acidité ; le flegme a sa source
dans la douceur, car toute chose sucrée est froide et humide. Le sang dérive du
sel ; tout ce qui est salin est sanguin, c'est-à-dire chaud et humide. Les
quatre complexions, par conséquent, sont l'acidité, la douceur, l'amertume et
la salinité. Si le sel en n'importe quel homme prédomine depuis les marécages
de la complexion, alors il est sanguin ; si c'est l'amertume, alors il est
cholérique ; si c'est l'acidité, il est mélancolique ; si c'est la douceur, il
est flegmatique. Ainsi, par conséquent, les quatre complexions existent dans le
corps comme dans un certain jardin, où fleurissent amarissa, polypodium,
vitriol, et salpêtre. Et tous ceux-ci peuvent coexister dans le corps, mais
ainsi, toutefois, un seul prévaudra. - Paramirum,
Tract III., c. 10. [Retour
au texte]
(5)
Quatre humeurs sont contenues en l'homme - le sang dans les veines,
l'humidité dans la chair, la viscosité dans les nerfs, la graisse dans le gras.
Ces quatre-là ont chacune leur utilité naturelle. ? De
Peste, cum additionibus, Lib. II., Tract III. En même temps, la
doctrine des quatre humeurs telle qu'exposée communément en son temps fut
rejetée par Paracelse, parce que c'était une chose difficile à croire, fondée
sur la seule foi, tandis que la médecine est établie non sur la foi mais sur la
vue, et rien en cette matière ne devrait être accepté sur la foi, à l'exception
des maladies de l'âme et du salut éternel. - Paramirum,
Lib. I., c. I. [Retour
au texte]
(6)
Paracelse possède un traité sur la jaunisse, que l'on trouve dans le
premier volume du folio de Genève. Comme dans tant d'autres cas, il n'y a aucun
ouvrage qui corresponde précisément sous ce titre à celui mentionné dans le
texte. [Retour au
texte]
(7)
Le feu dans sa nature est quadruple ; c'est-à-dire que la soleil et la
lune gouvernent une partie dans l'eau, la seconde et la troisième, qui résident
dans l'air et dans la terre, sont gouvernées de la même manière par la soleil
et la lune, et de là cette vertu magnétique concernant ce dont rien de plus ne
doit être dit ouvertement, car en elle réside la connaissance de l'oeuvre de
Sophia, la mère et la source des Mages, est conjointe en toutes créatures ;
J'ai dit. - De Pestilitate, Tract II,
s. v. De vi magnetica mumiae in homine.
[Retour au texte]
(8)
N.D.T. "migdalio" : le
passage correspondant de l'original contient une sorte de graffiti manuscrit
presque illisible. [Retour
au texte]
(9)
Le lecteur de Paracelse ne peut déraisonnablement être enclin à imaginer
que ses secrets soient synonymes de toute sa philosophie. En tout cas, il n'y a
aucun traité individuel sous ce titre. [Retour au texte