Description de la colonne de la Grande Armée, élevée à la gloire des Armées Françaises, l'an 1810, par les ordres de Sa Majesté Impériale et Royale Napoléon Le Grand. Terminée par la description de la Statue pédestre du général Dessaix, élevée sur la Place des Victoires.- A Paris : Chez Aubry, libraire au Palais de Justice [ca 1810].- 12 p. : ill. en front. ; 17 cm.
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque municipale de Lisieux (11.06.1998)
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DESCRIPTION
DE LA COLONNE DE LA GRANDE ARMEE,

élevée à la gloire des Armées Françaises, l'an 1810, par les ordres de Sa Majesté Impériale et Royale
NAPOLEON LE GRAND.

Terminée par la description de la Statue pédestre du général DESSAIX, élevée sur la Place des Victoires

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La Colonne de la Grande Armée est faite à l'imitation de la colonne Trajane. Elle a 133 pieds de hauteur, y compris son piédestal et la statue de l'Empereur dont elle est couronnée.

La hauteur du stylobate est de 22 pieds environ, sur 17 à 20 de largeur, suivant le socle ou sa corniche, le fût à 12 pieds de diamètre.

Ce monument élevé en pierre, est revêtu de bronze dans toute sa hauteur. Le stylobate est entièrement garni de bas-reliefs qui le décore. Comme à la colonne Trajane, ils sont composés de trophées à armes de toutes espèces.

A chaque angle de ce piédestal et au-dessus de sa corniche, est un aigle qui soutientune guirlande de lauriers : au-dessus de la porte qui fait face à la grille des tuileries est un cartouche supporté par deux Renommées, et renfermant, gravée en creux, l'inscription qui fait connaître la destination de ce monument.

On pourrait la traduire à peu-près ainsi : "Napoléon empereur auguste, a consacré à la gloire de la grande-armée, cette colonne, monument formé de l'airain conquis sur l'ennemi pendant la guerre d'Allemagne en 1805, guerre qui, sous son commandement, fut terminée dans l'espace de trois mois."

A partir de la naissance du fût de la colonne commence la suite des bas-reliefs qui retracent dans un ordre chronologique les principales actions de la campagne de 1805.

Les premiers représentent le départ des troupes du camp de Boulogne, leur passage sur le Rhin, leur arrivée en Bavière. La plaque 16 représente le jeune Dubois célèbre joueur de flûte en crystal ; il s'y trouve à la tête de son corps ; et ainsi de suite jusqu'à leur retour dans la capitale. Ces bas-reliefs disposés à monter en spirale sont divisés par plaques de 3 pieds de large environ, sur 3 pieds 8 pouces de haut, dimension qu'on a suivie probablement afin que la dilatation du métal fut presqu'insensible. Ces plaques au nombre de 276 se joignent les unes aux autres en biseau et d'une manière irrégulière, suivant la disposition des figures, s'adaptent au corps solide de la colonne par le moyen d'épaulemens forés, ménagés dans la fonte au revers des plaques, et y sont fixées avec des boulons qui entrent dans des travers égalemens forés et scellés dans la maçonnerie. Un cordon ou jarretière spirale sépare chaque rang de bas-reliefs, et porte l'inscription de l'action qu'ils représentent. Sur le tailloir du chapiteau on a pratiqué, comme à la colonne Antoine, une galerie à laquelle on parvient par l'escalier ménagé dans le noyau de la colonne. Là se trouve le petit dôme ou calotte qui supporte la statue de l'Empereur qui, une main appuyée sur son épée, et tenant de l'autre une victoire, couronne ce monument d'une manière aussi noble que pittoresque.

L'exécution de la colonne a dû présenter de grande difficultés. La juxta-position des bas-reliefs du fût devait offrir sur-tout des obstacles presqu'insurmontables. Pour les vaincre, on a imaginé une machine fort ingénieuse : elle consistait dans des calibres composés de pièces de charpente fermant des portions de tambours du diamètre de la colonne. Ces calibres se divisaient en deux parties mobiles sur des arbres ; les uns dans une situation verticale ; les autres dans l'horizontale. Chacun d'eux recevait sa plaque ; puis, par l'effet d'un contre-poids, ces parties se raprochaient ou s'éloignaient à volonté, jusqu'à ce que les plaques suffisamment ajustées et jointoyées se trouvaient entr'elles dans une parfaite juxta-position.

Assujetties de la sorte, elles s'adaptent si parfaitement, et sur le fût, et de l'une à l'autre, qu'il ne serait pas possible d'en appercevoir les joints.

La première plaque commence en pointe, et représente la mer à l'horizon, partant ainsi de zéro de hauteur, elle prend figure d'un triangle allongé, représentant d'abord de petites vagues, puis de plus fortes ; enfin la flotille de Dunkerque. Ensuite le passage du Rhin, sur tous les points, par l'armée entière, les 25. 26 et 27 septembre 1805. La vue peut encore faire distinguer très aisément l'Empereur, revêtu de son costume impérial, il adresse à la troupe une proclamation ; en tournant un peu se trouve l'entrevue de S.M. avec le roi de Wurtemberg ; à gauche, on voit le mérite et la valeur récompensés, un dragon reçoit la croix de la légion d'honneur des mains de l'Empereur.

Prise du pont de Douaverth, 6 octobre.
Prise du pont de Lech, 7 octobre.
Combat de Wirtinghen ; prise d'une division ennemie, 8 octobre ; on y reconnait l'Empereur vêtu de la redingotte qu'il porte ordinairement dans tous les combats.
Entrée des Français à Augsbourg 9 octobre.
Passage du Danube à Neubourg, 9 octobre.
Combat de Guntzbourg ; le pont emporté de vive force, 10 octobre.
Affaire de Landsberg, 11 octobre.
Entrée des Français à Munich ; prise du pont et de la position d'Elchingen, 12 octobre.
Combat de Langueneau, 13 octobre.
Combat de Haag et de Wasserbourg ; prise d'un parc d'artillerie, 15 octobre.
Prise de Memmingen, 15 octobre.
Combat de Veresheim, 17 octobre.
Capitulation de la ville d'Ulm, 17 octobre. On voit dans la place d'armes de cette ville, le général en chef commandant la place, ainsi que son état-major : ils déposent leurs épées entre les mains de S.M.
Combat de Nordhingen ; 18 octobre.
Combat de Nuremberg, 21 octobre.
Passage de l'Iser, 26 octobre.
Passage de l'Inn, 27 octobre.
Affaire de Muhledorff, 28 octobre.
Entrée des Français à Salzbourg, 30 octobre.
Entrée dans la ville et citadelle de Braunau, 30 octobre.
Combat de Mérobach, 31 octobre.
Combat de Lambach, 1er novembre 1805.
Prise de Wels et de Lintz, 2 novembre.
Prise du fort de Passling, 2 novembre.
Passage de la Trann ; prise de la ville d'Ersberg, 3 novembre.
Passage de l'Enns et prise de la ville, 3 nov.
Prise de la ville de Steyer, 4 novembre.
Combat de Lioven, 5 novembre.
Combat d'Amstetten, 6 novembre.
Affaires de Freydstadt et de Mattahausen, 7 novembre.
Combat de Giulay, 8 novembre
Combat de Marisnzell, 8 novembre.
Prise des forts Scharnitz et de Neustark, 9 novembre.
Entrée à Inspruck, 9 novembre.
Combat de Diernestein, 11 novembre.
Entrée des Français dans Vienne, 13 novembre. Les principaux magistrats de la ville viennent présenter les clefs à l'Empereur ; on reconnaît, par la ressemblance parfaite, le prince Murat, il porte l'uniforme polonais.
Capitulation de la ville et de la forteresse de Kuflstein, 14 novembre.
Prise de Sotokereau, 14 novembre.
Entrée des Français à Presbourg, 16 nov.
Combat de Waldermuncher, 16 novembre.
Combat de Luntersdorff, 16 novembre.
Prise de Clausen et de Brixen, 16 novemb.
Prise de Znaim, 17 novembre.
Combat de Brunn, 18 novembre.
Combat d'Olmutz, 20 novembre.
Prise de la ville de Brisen, 23 novembre.
Prise de la ville d'Iglau, 28 novembre.
Bataille d'Austerlitz, 2 décembre 1805.

Sur un de ces bas reliefs, vous voyez l'Empereur des Français et le prince Dolgorouski ; la plaque suivante représente S.M. visitant les bivouacs ; un grenadier se présente à lui, et jure de célébrer l'anniversaire de son couronnement.

En suivant, voyez l'Empereur environné des maréchaux de l'Empire ; il désigne à chacun la position qu'il doit prendre pour la bataille mémorable d'Austerlitz.

L'idée de la construction de cette superbe colonne, élevée à la gloire des armées françaises, appartient entièrement à S.M. l'Empereur des Français, qui a bien voulu en confier la direction à M. Denon, d'après les plans de M. Lepère, architecte. Ce monument a été commencé dans le courant du mois d'août 1807, et a été terminé dans le courant du mois d'août 1810.

Un autre monument, que nous devrons encore au bienfaits de S.M. va s'élever majestueusement au milieu de la Seine, adossée au Pont-Neuf, sur la plate forme où était le café Pâris.

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DESCRIPTION
De la statue pédestre et collossale du général DESSAIX,
élevée en sa mémoire, sur la place des Victoires.

Ce monument élevé d'après les ordres de Napoléon-le-Grand, a 40 pieds d'élévation, en y comprenant la statue du général Dessaix ; il est posé sur embâsement sur une plate-forme de 28 pieds carrés. Son piédestal est de 12 pieds carrés. Il est construit en pierres de taille, et plaqué en marbre poli ; aux quatre angles, sont des pilastres de l'ordre égyptien. La statue a 16 pieds de dimension ; elle est fondue et ciselée en bronze. Le général Dessaix est à la romaine, et presque nud ; il a le bras droit tendu vers l'Orient, la main droite appuyée sur son sabre ; à ses pieds, une tête très grosse, symbole des débris égyptiens.

Le général Dessaix était natif de Ayat, département du Puy-de-Dôme, le 17 août 1768 ; il est mort au champ de l'honneur le 25 prairial an 8, (1800). Ses dernières paroles furent pour sa patrie et pour son prince : Allez dire au premier consul que je meurs avec le regret de n'avoir pas fait assez pour la postérité.

Après avoir donné des preuves de son courage dans différentes batailles, Marengo a vu terminer les jours de ce grand guerrier.


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