Biographie des Archevêques de France par un ancien Donneur d'eau
bénite.- Vendu au profit des Grecs.- Paris : chez tous les
marchands de nouveautés et au Palais-Royal (Impr. de Lachevardière, 30 rue
du colombier à Paris), 1826.- 64 p. ; 11,5 cm.
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Biographie des Archevêques de France
par
Un ancien Donneur d'eau bénite
Qu'y a-t-il de commun entre vous et moi
? Evang
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Vendu au profit des Grecs
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AVERTISSEMENT.
Lorsque l'on lit l'Étoile et le Courrier
français, la Quotidienne et le Constitutionnel, on est
fort embarrassé pour se former une idée claire et juste du caractère
politique de nos princes de l'église ; surtout lorsque l'on voit chaque
jour, dans ces mêmes journaux, les apologies des uns et les satires des
autres.
Possédant depuis long-temps un recueil de pièces aussi
rares que curieuses, concernant les archevêques du royaume, nous les avons
réunies en leur donnant le titre et la forme d'une biographie qui, nous
osons l'espérer, pourra éclairer le lecteur resté, jusqu'à ce jour,
indécis.
BAUSSET-ROQUEFORT (PIERRE-FRANÇOIS-GABRIEL-RAYMOND-IGNACE-FERDINAND S.S. le comte de),
archevêque d'AIX, ARLES et
EMBRUN, pair de France et chevalier de la légion
d'honneur, naquit à Béziers le 31 décembre 1757. Il est parent du célèbre
cardinal de Bausset, mort il y a peu d'années. Avant la révolution, M.
de Beausset-Roquefort était déjà vicaire d'Aix ; Buonaparte le nomma
évêque de Vannes, et il fut sacré le 29 mai 1818. Ce prélat est
généralement vénéré dans toute l'étendue de son diocèse, quoique la
faiblesse de sa santé, jointe à son grand âge, l'ait empêché depuis
long-temps de remplir ses fonctions sacerdotales avec le même zèle
qu'auparavant. Pendant le cours de la dernière maladie de M. de
Bausset, un évènement affreux répandit l'effroi dans le palais
archiépiscopal. C'était pendant la nuit. Ce vénérable prélat,
voulant ranimer la veilleuse qui brûlait près de son lit, le feu prit aux
rideaux et s'étendit en peu de temps avec une rapidité effrayante. L'âge
avancé de S. Ém. ne lui laissant ni la force ni la liberté de sortir du
lit assez promptement, il en résulta des brûlures très graves tant à la
figure qu'au reste du corps. Les plaies donnant les plus vives
inquiétudes pour les jours de Mgr l'archevêque, S. Ém. reçut tous les
secours de la religion, et supporta son mal avec une résignation tout
apostolique. Nonobstant les accidents très graves qui avaient eu
lieu, suite inévitable des brûlures, l'état de S. Ém. n'empira nullement,
et peu à peu le prélat se rétablit entièrement. M. de Bausset
s'était toujours fait remarquer non seulement par ses éminentes vertus,
mais encore par un esprit fécond en bons mots et en saillies pleines de
gaieté. Le jour de l'accident qui avait mis ses jours en péril, M. le
lieutenant-général d'Alméras, commandant le département, étant accouru
tout alarmé auprès du prélat vénéré, celui-ci, en l'apercevant, lui dit :
«Eh bien, général, j'ai assisté ce matin à une affaire bien chaude ; j'ai
vu le feu d'aussi près que vous !»
BRAULT (CHARLES), archevêque
d'ALBY, et chevalier de la légion d'honneur, naquit à
Poitiers le 24 août 1752, et fut sacré le 16 mai 1802 ; il publia un
mandement remarquable à l'occasion de la bataille d'Austerlitz, et disait
: «Deux mois ont suffi à Napoléon pour anéantir les forces combinées de
deux des plus puissants potentats de l'Europe. Et quel vainqueur encore !
Grand et humain avant l'action, il avait prévu combien la journée
coûterait de larmes et de sang ; son coeur en fut navré de douleur : il
avait présenté l'olivier de la paix, mais il fut refusé. Plus grand encore
après la victoire, qu'il est beau de le voir parcourir les rangs, visiter
les blessés, et s'estimer heureux de pouvoir épargner quelques larmes
!» Et dans toutes les circonstances, monseigneur l'évêque Brault
ne laissa jamais échapper l'occasion d'exalter le génie et les vertus de
son héros. Depuis qu'il a été nommé archevêque de Poitiers par le
Roi, ce prélat ne s'est nullement fait remarquer dans son diocèse soit par
ses mandements, soit dans ses visites pastorales. M. Brault,
quoique âgé de soixante-quatorze ans, jouit d'une très bonne santé.
CLERMONT-TONNERRE (ANNE-ANTOINE-JULES, S. Ém. le cardinal duc de), archevêque de TOULOUSE et de NARBONNE, pair de
France, etc., naquit à Paris le 1er janvier 1749. M. de
Clermont-Tonnerre était déjà pair de France avant la révolution. Sacré
évêque de Châlons le 14 avril 1782, il fut nommé député aux états-généraux
de 1789 ; il signa toutes les protestations de la minorité contre les
innovations, et se rendit ensuite dans l'étranger ; il a donné sa
démission en conséquence du concordat. Il a été de nouveau porté sur la
liste des pairs de France par le Roi, le 4 juin 1814 ; et pourvu de
l'archevêché de Toulouse, où il s'est fait remarquer par son peu de
tolérance en matière de religion, et les mesures sévères qu'il a
provoquées plusieurs fois. Dans les premiers jours de mars de
cette année, ce prince de l'Église, dans un mandement qui fut publié dans
son diocèse, tonna contre les auteurs des ouvrages qui, selon lui,
faisaient à la religion et à la morale un mal toujours croissant, les
taxant d'impiété, et déclarant que les plaies de la France, par leur
profondeur, deviendraient incurables, si on n'y opposait au plus tôt le
remède de la censure. Voici quelques fragments de ce fameux
mandement. «N.T.C.F., dit M. de Clermont-Tonnerre, lorsque nous
nous plaignons de l'audace des impies et que nous déplorons les funestes
effets de leur conspiration contre tout ce qu'il y a de sacré dans le ciel
et sur la terre, ils nous accusent de calomnier le siècle !... comme si
c'était le calomnier de signaler un projet avoué par eux, qui se trouve
consigné dans leur scandaleuse correspondance, et déjà exécuté une
première fois sur notre malheureuse patrie ; comme si c'était calomnier le
siècle que de signaler la continuation de cet infernal projet, dans
l'effrayante propagation de tous ces livres dont le seul titre est un
blasphème ou une infamie. Et qui sont ceux qui osent nous
adresser ce reproche de calomnie ? ce sont des hommes qui dans leur
attaque n'ont point d'armes plus familières que l'hypocrisie et le
mensonge ; des hommes qui, sous le prétexte des sages libertés basées sur
nos institutions, prêchent la licence la plus effrénée, qui feignent de
prendre les intérêts de la religion, publient des scandales, presque
toujours déversent le ridicule sur ses cérémonies, reprochent au clergé sa
prétendue opulence ; qui, parce que dans la bulle portant extension du
jubilé, il est parlé du bouclier de la foi, du glaive, et de ces armes
spirituelles dont les apôtres nous recommandent de nous couvrir contre
les ennemis du salut ; accusent le souverain pontife de provoquer les
peuples aux combats et à la guerre civile ; qui enfin, dans leur zèle
hypocrite pour la défense du trône, nous accusent de conspirer contre ses
droits. »Eux les défenseurs du trône, et nous ses ennemis
!............................................................... »Oh
! qu'ils sont coupables ces hommes qui, au sein de cette prospérité,
sèment l'inquiétude et le mécontentement, empoisonnent tous les biens qui
nous sont prodigués, se plaignent au sein d'une liberté qui aurait besoin
de limites, crient à l'oppression sous le gouvernement le plus modéré et
le plus paternel, annoncent la disette et la misère au sein de l'opulence,
les troubles et les guerres au milieu de la tranquillité !... Ils veulent
donc encore une fois ravir les Bourbons à notre amour, proscrire la
religion, renverser les temples, et couvrir de ruines notre belle France !
.......................................................................................... »Aussi,
N.T.C.F., ajoute M. de Clermont-Tonnerre en terminant, nous ne cesserons
d'élever notre voix pour demander ou que la loi ne se taise plus sur ces
impies, ou qu'une autorité tutélaire sauve l'autel et le trône de l'audace
de ceux qui bravent la loi pour les renverser... Par nos réclamations
comme par nos voeux, nous ne cesserons d'appeler au secours de la
religion, du trône et des peuples, des lois efficacement répressives
contre la propagation des doctrines impies, régicides,
obscènes» Le 10 avril dernier, S. Ém. eut l'honneur d'être
reçue en audience particulière par le Roi, et de faire lecture à S. M. de
son adhésion à la déclaration des cardinaux, archevêques et évêques qui se
trouvaient alors à Paris. Elle était ainsi conçue :
«SIRE, »Le plus ancien des
évêques de France s'empresse de mettre aux pieds de V. M. son adhésion à
la déclaration qu'ont eu l'honneur de lui présenter les cardinaux,
archevêques et évêques qui se sont trouvés à Paris. »Oui, sire,
j'adhère de la manière la plus franche et la plus positive à une
doctrine que je crois aussi vraie qu'utile, dont je ne me suis jamais
départi, et dont je ne me départirai jamais. »J'en étais surtout
pénétré quand, dans ma lettre pastorale datée de Rome, j'annonçai à mon
peuple que je me proposais de supplier le Roi de réparer les maux que la
révolution avait faits à l'Église. N'était-ce pas en effet rendre à
l'indépendance du souverain l'hommage le plus solennel ? Et pouvais-je
penser que ce fût y porter atteinte que d'en réclamer l'exercice en faveur
de l'Église dont il est le protecteur ? »Tels sont, sire, les
sentiments que je dépose respectueusement aux pieds de V. M. , et j'ose
l'assurer que ce sont aussi ceux de l'univesalité du clergé de mon
diocèse. »Je vois avec la plus profonde douleur, sire, que les
ennemis de la religion travaillent sans relâche à rendre le clergé suspect
ou odieux à V. M. ; mais j'ai la ferme conviction que leurs efforts seront
impuissants, et que V. M. restera convaincue que le clergé de France sera
toujours fidèle aux doctrines de ses pères, et à son amour pour les
enfants de saint Louis, etc.» M. de Clermont-Tonnerre passe
généralement, à la chambre des pairs, pour être très partisan d'une
célèbre compagnie, à laquelle il semble, en effet, accorder une protection
trop évidente.
CROÏ (GUSTAVE-MAXIMILIEN-JUSTE, S. A. Ém. Monseigneur
le cardinal prince de), archevêque de ROUEN, grand
aumônier et pair de France, Primicier du chapitre royal de Saint-Denys, et
commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, naquit au château de l'Ermitage,
près du Vieux-Condé (Nord), le 12 septembre 1773, et fut sacré
évêque le 9 janvier 1820. M. le prince de Croï publia
dernièrement un mandement qui fit grand bruit (1) ; il y était dit qu'à l'avenir le nom des personnes qui
négligeraient d'assister à l'office divin serait affiché à la porte de
chaque paroisse. Les gens qui prétendirent que ce n'était pas là de la
charité chrétienne rejetèrent toute la responsabilité de ce mandement sur
un des grands vicaires de monseigneur le cardinal. Ou croit que
monseigneur le cardinal a une grande influence sur les affaires
temporelles en ce moment, et cependant S. Ém., comme pair de France, ne
s'est point encore fait véritablement remarquer à la chambre des pairs ;
s'il y a prononcé quelques discours, le Moniteur semble avoir pris
à tâche de les avoir passés sous silence. Mais ce que nous
pouvons affirmer, c'est que monseigneur le prince de Croï a béni le 20
avril dernier, dans l'église cathédrale de Rouen, une très belle cloche,
qui fut nommée Henriette-Caroline, par Madame la princesse de
Montmorency, représentant Madame la duchesse de Berry, et M. le comte
Rivaud-la-Rafinière, lieutenant-général, commandant la division,
représentant monseigneur le duc de Bordeaux.
DAVIAU DUBOIS DE SANZAY (le comte CHARLES-FRANÇOIS), archevêque de BORDEAUX, pair de France, commandeur de l'ordre du
Saint-Esprit et officier de la légion d'honneur, est né au château de
Sanzay (département des Deux Sèvres), le 7 août 1736, d'une famille
noble du Poitou. Il était déjà vicaire général en 1789, lorsque le célèbre
Lefranc de Pompignan, archevêque de Vienne, donna sa démission afin de
passer le reste de sa vie dans le repos et la retraite. Il l'avait désigné
à Louis XVI pour son successeur. Mandé à Paris, ce respectable
ecclésiastique s'y rendit à pied. Lorsqu'il connut de la bouche de S. M.
le choix qu'elle avait fait de lui, il s'y refusa d'abord, s'en croyant
indigne ; mais enfin il accepta, et fut sacré le 3 janvier 1790. Il porta
sur le siège épiscopal, dans le peu de temps qu'il l'occupa, les qualités
qui le distinguent, et particulièrement la charité et la
simplicité. M. Dubois de Sanzay émigra en 1792, et ne rentra en
France que vers 1801, époque de la signature du concordat, et fut nommé à
l'archevêché de Bordeaux le 9 avril 1802. Ce digne prélat se
rendit à son poste, où, modèle de tolérance et de vertus, il se fit
généralement aimer et respecter par une pratique suivie de tous les
devoirs d'un bon pasteur. Établissement de séminaires, réforme des moeurs,
rappel à la morale, conversions nombreuses, secours renaissants, sa
fortune particulière consacrée aux pauvres, visites pastorales de son
diocèse faites à pied, et transformées en marches triomphales par la
vénération des fidèles de toutes les classes, tel est le tableau fidèle
que nous devons faire de son apostolat. Les secours qu'il donna aux
prêtres espagnols déportés durant une guerre injuste et désastreuse furent
innombrables, et cependant ses revenus étaient bornés. Lorsque
Mgr. le duc d'Angoulême se disposa à entrer à Bordeaux, M. Dubois de
Sanzay alla au-devant de S.A.R., et prêta le premier, entre ses mains, le
serment d'obéissance au souverain légitime ; il accompagna le prince à la
cathédrale, et il y fit chanter un Te Deum en actions de
grâces. En 1815, le nouvel ordre de choses ne changea rien à la
conduite de ce respectable archevêque ; persuadé que sa mission se bornait
aux choses spirituelles, il adressa ses voeux au ciel pour la conservation
de Louis XVIII avec la même ferveur qu'il les avait adressés avant pour
Buonaparte, et, spectateur impassible des évènements d'ici-bas, il prêcha
dans toutes les occasions la paix et l'union. Ses meilleurs sermons se
ressentent des exemples qu'il a donnés toute sa vie, et qu'il donne encore
maintenant. Ce sont là les plus éloquents. Ce respectable
archevêque vient d'être tout nouvellement élu pair de France ; il n'a
point encore pris séance à la chambre : votera-t-il comme Mgr l'archevêque
de Toulouse ou Mgr l'archevêque de Paris ? C'est ce que nous
ignorons. M. Dubois de Sanzay est âgé de près de quatre-vingt-dix
ans.
FRÈRE DE VILLEFRANÇON (PAUL-AMBROISE S. S. le comte),
archevêque de BESANÇON, pair de France et
conseiller-d'état, naquit le 20 juin 1754, et fut sacré évêque le 12 août
1821. Voici ce que l'on dit dans la Biographie pittoresque des
pairs relativement à S. Ém. : «M. Frère de Villefrançon ne
joue pas aussi bien au billard que M. l'évêque d'Hermopolis ; mais il
professe quelquefois des opinions plus conformes à la charité
évangélique.»
LAFARE (ANNE-LOUIS-HENRI S. EM.
le cardinal duc de), archevêque de SENS et d'AUXERRE, premier aumônier de madame la dauphine, pair de
France, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, etc., etc., naquit le 8
septembre 1752, dans le diocèse de Luçon, bas Poitou. M. de
Lafare se distingua, dès sa jeunesse, dans ses premières études, soit à
l'université de Paris, où il fut plusieurs fois couronné, soit dans son
cours de théologie. En 1778, il fut appelé aux fonctions de vicaire
général du diocèse de Dijon, et doyen de la Sainte-Chapelle du Roi de la
même ville. En cette dernière qualité, il fut élu général du
clergé des états de Bourgogne, et chef de l'administration de cette
province en 1784 jusqu'en 1787. Il obtint, avec ses collègues le comte de
Chastellux (élu général de la noblesse), et M. Noirot, maire de
Châlons-sur-Saône (élu général du tiers-état), l'amour et la
reconnaissance de la Bourgogne, et des témoignages publics, jusqu'alors
sans exemple, de la satisfaction des trois ordres de la
province. Comme élu général du clergé des états de Bourgogne, il
fut membre de l'assemblée des notables convoquée en 1788. Louis XVI le
nomma à l'évêché de Nancy, le 7 octobre 1787. Député de son ordre aux
états généraux du royaume en 1789, ce prélat y prononça, à la messe du
Saint-Esprit, qui eut lieu pour l'ouverture des états-généraux le discours
d'usage. «Malheur donc aux états, s'écria le célèbre prélat, si
les dépositaires du pouvoir n'ont pas reçu du ciel ces émanations
nécessaires ! Dénués de l'esprit de conseil à qui rien n'échappe, de
l'esprit de prudence qui prépare avec douceur et exécute avec force, on
les verra flotter au gré de leurs passions, s'égarer dans la vanité de ces
pensées qui ne sont pas nourries de la science d'en haut, bâtir en un mot
sur un terrain mouvant, où l'édifice ne peut avoir ni constance ni
durée. »Et comment pourraient-ils, ces hommes abandonnés à leurs
propres lumières, s'élever à la hauteur de la tâche qui leur est imposée,
se séparer de tout intérêt propre, s'identifier avec le devoir, planer,
pour ainsi dire, au-dessus de l'humanité ? Il faut que leur esprit,
sagement contenu dans ces bornes anciennes que l'oracle divin défend de
franchir, sache calculer avec précision la portée des temps et des
conjectures, mesurer avec exactitude les besoins et les moyens ; ménager
avec adresse la disposition toujours mobile des coeurs et des esprits ;
enchaîner les passions sans les irriter, courber toutes les volontés sous
le joug rigoureux des lois. Perfection rare, qu'il est difficile à l'homme
d'atteindre, s'il n'est conduit et guidé par la religion,
etc.» Ce discours semble être tout-à-fait de circonstance
aujourd'hui. Lorsque les états généraux eurent pris le nom
d'assemblée nationale, il écrivit et parla avec énergie contre les
entreprises de la majorité (notamment pour faire déclarer, séance tenante,
le 12 février 1790, que la religion catholique, apostolique et romaine,
était la religion de l'état, conformément à la demande de tous les cahiers
des bailliages) ; contre la suppression des ordres religieux des deux
sexes (séance du 13 février suivant) ; contre l'invasion générale
des biens et propriétés des églises de France (séance du 12 avril),
avec protestation motivée, dans le cas où l'invasion aurait lieu ; contre
l'admission des Juifs aux droits de citoyens actifs ; sur un mode de
remplacement provisoire de la gabelle, etc. Échappé, comme par
miracle, aux persécutions de tout genre suscitées contre lui, M. de Lafare
se réfugia d'abord à Trèves, dans les états de l'archevêque électeur, son
métropolitain, puis à Vienne en Autriche, où il arriva à la fin de 1792.
Là, en 1795, le roi Louis XVIII, daigna lui confier la direction de ses
intérêts auprès de la cour de Vienne, et le constituer son correspondant
dans toute cette partie de l'Europe ; fonctions qu'il a remplies durant
vingt ans, à travers les épines et les dangers personnels d'une pareille
mission. Il fut en même temps chargé de la correspondance et des affaires
diverses des princes et princesses de la famille royale. Ce digne prélat
vit arriver à Vienne l'auguste fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette,
au sortir de sa captivité au Temple : il fut chargé par le Roi et par
l'empereur d'Autriche des relations extérieures de MADAME ; suivit et termina, auprès de cette princesse et de
la cour de Vienne, la négociation du mariage de S.A.R. avec Monseigneur le
duc d'Angoulême. En 1807, toutes les communications du continent
avec l'Angleterre étant impérieusement prohibées, et les militaires de
l'armée de Condé ne pouvant plus recourir à Londres pour y toucher du
gouvernement britannique leurs pensions alimentaires, l'évêque de Nancy
accepta, pour assurer la subsistance de ses compatriotes, l'emploi
périlleux de vérifier et d'ordonnancer le paiement de ces pensions sur une
maison de banque de Vienne ; emploi qu'il a exercé jusqu'à l'époque du
retour de Louis XVIII dans ses états. En 1814, ayant suivi son
souverain en France, il a été à la fois membre de deux commissions
royales, l'une concernant les secours à accorder aux émigrés rentrés et
sans ressources ; l'autre relative à la nouvelle organisation de l'Église
de France. Le 19 décembre de la même année, MADAME,
duchesse d'Angoulême, lui conféra la charge de son premier aumônier. Le 17
janvier suivant, il fut nommé par le Roi, avec MM. Dambray, de Blacas et
le bailli de Crussol, commissaire pour la recherche et l'exhumation faites
à l'ancien cimetière de la Madeleine, et le transport à l'église de
Saint-Denys, des dépouilles mortelles de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Au mois de janvier 1816, il fut, sur la demande de M. de
Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims, adjoint par le Roi à ce prélat,
pour l'administration des affaires ecclésiastiques, qui est ensuite
rentrée dans les attributions du ministère de l'intérieur, et enfin entre
les mains de monseigneur l'évêque d'Hermopolis. Chargé du
discours qui devait précéder la cérémonie du sacre de S. M. CHARLES X, M. de La Fare remplit cette tâche honorable avec
éclat. On croyait entendre de ces hommes puissants en pensées et en
paroles, dont l'éloquence élevait jadis l'Église de France au-dessus de
toutes les autres églises. Comme pair de France, cet honorable et
vénéré prélat ne siège que très rarement à la chambre ; il partage tout
son temps entre son diocèse de Sens et les devoirs spirituels de son pieux
ministère.
LATIL (JEAN-BAPTISTE-MARIE-ANNE-ANTOINE S. S. le comte de),
cardinal et archevêque de REIMS, pair de France,
conseiller d'état, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, etc., est né le
6 mars 1761, aux îles Sainte-Marguerite, dont le commandement avait été
confié à son père, chevalier de Saint-Louis. Le jeune de Latil,
destiné de bonne heure à l'état ecclésiastique, entra au séminaire de
Saint-Sulpice, à Paris, reçut la prêtrise en 1784, et devint membre de la
communauté des prêtres de la paroisse de Saint-Sulpice, où il fut du
nombre des ecclésiastiques particulièrement chargés de la distribution des
aumônes. Il remplissait ce ministère de charité lorsqu'il reçut sa
nomination de grand-vicaire de l'évêque de Vence, qui le chargea de le
représenter à l'assemblée du bailliage de son diocèse, lors de la
convocation des états-généraux. L'abbé de Latil se fit remarquer
dans cette assemblée électorale par son esprit de conciliation, en
défendant néanmoins avec fermeté les droits inséparables de l'autel et du
trône. Conformément à ces principes, il refusa, en 1791, de prêter serment
à la constitution civile du clergé, et émigra avec plusieurs
ecclésiastiques restés fidèles ; néanmoins il revint en France en 1792, à
une époque où elle n'était plus habitable, et il ne tarda pas à être
arrêté à Montfort-l'Amaury, où il resta détenu dans les prisons de la
ville. Remis bientôt en liberté, il se retira en Allemagne, où il s'adonna
avec succès à la prédication. M. l'abbé de Latil avait choisi de
préférence la petite ville de Dusseldorf : là il eut pour auditeurs, sans
compter la population du pays, les émigrés des classes les plus élevées,
qui avaient également fait choix de cette jolie ville pour
retraite. En 1794, Mgr. le comte d'Artois l'appela auprès de lui
et en fit son aumônier ordinaire. Ce fidèle ecclésiastique ne quitta pas
ce prince depuis cette époque ; et, lors de la restauration en 1814,
MONSIEUR le nomma son premier aumônier. M.
l'abbé de Latil avait été d'abord nommé évêque d'Amyclée, in
partibus, d'après l'usage qui veut que le premier aumônier d'un prince
de la maison de France soit revêtu du caractère épiscopal. En 1817, par
les dispositions du nouveau concordat, il fut pourvu de l'évêché de
Chartres, et chargé, vers la fin de cette même année, conjointement avec
M. de Pressigny, évêque de Saint-Malo, et de M. de La Fare, évêque de
Nancy, de procéder, en vertu d'une délégation du Saint-Siége, aux
informations d'usage pour les ecclésiastiques nommés aux évêchés par suite
de ce même concordat. M. l'abbé de Latil passa pour avoir eu une grande
influence dans les délibérations qui eurent pour objet la restauration de
l'Église. La modération de son caractère, jointe à une instruction assez
solide, et principalement à son dévouement à la dynastie légitime,
devaient être une garantie sûre qu'il n'en abuserait pas. Après
la mort de Louis XVIII, M. de Latil fut nommé archevêque de Reims, et en
cette qualité il eut l'honneur de sacrer S.M. CHARLES
X, qui l'avait déjà nommé pair de France. Cette dernière circonstance
valut à cet archevêque le chapeau de cardinal, et dernièrement S.M. lui a
remis elle-même la barrette. Comme pair, M. de Latil n'assista
que très rarement aux séances de la chambre, cependant on assure qu'il a
une grande influence dans les affaires politiques et religieuses. Ce
prince de l'Église est aujourd'hui âgé de soixante-quatre ans.
MONTBLANC (AUGUSTIN-LOUIS DE), archevêque de TOURS, naquit le 28 mai 1767, fut
sacré archevêque de Carthage le 12 août 1821 et archevêque de Tours le 26
novembre 1824. On dit (et nous ne garantissons pas le fait)
qu'une dame de charité chargée de faire une quête pour la restauration
d'une des églises situées dans la juridiction de M. de Montblanc, demanda
à ce prélat, qui n'était pas encore archevêque, si elle devait aller chez
un riche négociant juif, et que M. de Montblanc lui répondit en souriant :
«Eh ! pourquoi pas ; prenez toujours son argent, je me charge de le
baptiser.»
MOREL DE MONS (ÉTIENNE-MARTIN), archevêque d'AVIGNON, est né à
Aix (en Provence) le 18 avril 1752, et fut sacré évêque le 21 avril
1805. L'almanach royal nous a révélé le nom et le titre de M.
Morel de Mons, et à notre tour nous les révélons aux lecteurs de cette
biographie, qui sans doute penseront comme nous que monseigneur
l'archevêque d'Avignon ne s'occupe dans son diocèse que de ses travaux
spirituels.
MORLHON (ANDRÉ-ÉTIENNE-ANTOINE DE), archevêque
d'AUCH, naquit dans le diocèse de Rodez le 12 octobre
1753 et ne fut sacré que le 13 juillet 1823. On trouve dans un
ouvrage imprimé en 1815, sous le titre de Chronique ecclésiastique
(un vol. in-8°), l'anecdote suivante, que nous allons rapporter
textuellement : «Cet ecclésiastique (monseigneur de Morlhon)
devant porter la parole dans une circonstance d'éclat et en présence de
personnages éminents, mais ne comptant plus sur son esprit affaibli par
l'âge et n'ayant pas d'ailleurs attendu que son Gil-Blas l'avertît qu'il
baissait, il chargea son vicaire de composer le sermon qu'il n'aurait plus
que la peine de prononcer, et celui-ci se mit de suite à l'ouvrage, car le
temps pressait. »Quelques jours avant la cérémonie, on lut
l'oeuvre susdite en petit comité ecclésiastique et devant ce pasteur, qui,
enfoncé dans son fauteuil, écoutait en silence et approuvait de la tête.
Tout allait à merveille et la lecture d'épreuve tirait à sa fin, quand M.
de Morlhon, qui n'avait rien dit encore, arrêtant tout-à-coup le lecteur
au milieu d'une phrase qu'il n'avait pas bien comprise : Un
instant, dit-il, un instant, l'abbé ; qu'est-ce que j'ai voulu dire
ici ?»
PINS (JEAN-PAUL-GASTON DE), archevêque de LYON et de VIENNE. Nous ne
pouvons donner d'autres renseignements sur ce prélat que les suivants, que
chacun est à même de vérifier dans l'Almanach royal. M. de Pins
naquit à Castres (Tarn) le 8 février 1766, il fut sacré évêque de
Limoges le 2 novembre 1822, et peu de temps après il fut nommé archevêque
d'Amasie, et en 1824 il administrait déjà le diocèse de Lyon.
QUÉLEN (HYACINTHE-LOUIS S. S. le comte de), archevêque de PARIS et pair de France, est né à Paris le 8 octobre
1778. Feu le comte de Quélen, ancien chef d'escadre, avait deux
fils. L'aîné, Auguste-Louis, fut destiné à l'état ecclésiastique ;
le cadet, Hyacinthe, à la profession des armes. Mais la nature ou
l'éducation voulut que tous les deux n'eussent aucune vocation pour la
carrière qui leur était réservée ; et leur père, officier de mérite, eut
le bon esprit de ne pas contrarier ses enfants. Lorsque la
révolution éclata, Auguste se fit soldat. Il obtint un grade militaire par
sa bonne conduite. Plus tard, lorsque la cour impériale devint le point de
mire de toutes les nobles ambitions, il fut nommé écuyer de la mère de
Buonaparte. Le comte Auguste de Quélen est aujourd'hui colonel de la
septième légion de la garde nationale. Quant au jeune Hyacinthe, studieux
et brillant élève du collège de Navarre, il reçut la tonsure en 1790,
époque bien peu favorable pour un prêtre qui n'aurait eu que des projets
d'avancement et de fortune. Il ne se laissa pas rebuter par les
évènements, et continua dans la maison de son père, où se réunissaient
plusieurs prêtres non assermentés, à se livrer aux études
théologiques. Lorsque la politique eut fait concevoir à
Bunonaparte l'idée de faire précéder en France le rétablissement du trône
par la restauration des temples, le jeune Hyacinthe de Quélen fut ordonné
prêtre à Saint-Sulpice, et devint bientôt vicaire général du diocèse de
Saint-Brieux, dans lequel se trouvait sa famille et ses
biens. Peu de temps après le cardinal Fesch, ayant été présider
le collége électoral de Rennes, s'intéressa à l'avancement du jeune
ecclésiastique qui lui fut présenté, l'attacha à sa personne, le chargea
même du soin de former sa maison ; et dans la nombreuse répartition des
faveurs et des secours que le prélat obtenait sans peine de son neveu,
chef du gouvernement, M. de Quélen ne manquait jamais l'occasion de
signaler au cardinal les familles qui avaient le plus souffert des
funestes effets de la révolution. Quand ce prélat eut encouru la
disgrâce impériale, M. de Quélen le suivit à Lyon, et, dirigé par un
sentiment louable de reconnaissance, refusa le titre de chapelain de
l'impératrice Marie-Louise, que M. de Pradt, archevêque de Malines, venait
de lui faire obtenir. Depuis cette époque jusqu'à la restauration
M. de Quélen vécut dans l'obscurité, mais remplissant à Saint-Sulpice,
avec un zèle ardent, les plus humbles travaux du sacerdoce. C'est à la
confiance et à la protection du cardinal Talleyrand de Périgord qu'il dut
son élévation successive à la place de vicaire-général, de la
grande-aumônerie, d'évêque de Samosate, in partibus, et enfin aux
hautes fonctions de coadjuteur de ce dernier archevêque. A la
mort de ce respectable cardinal, M. de Quélen le remplaça, et depuis qu'il
est placé à la tête du clergé de la capitale, il n'a cessé de déployer un
zèle aussi ardent que bien dirigé, et une charité non moins active que
douce et compatissante. Sous le ministère de M. Decazes, dont il
est resté l'ami, il fut promu à la pairie. Dans le cours animé des
discussions législatives qui ont remué tant d'intérêts politiques, M. de
Quélen a peu parlé ; mais lorsqu'en 1824 M. de Villèle présenta sa
première loi de remboursement des rentes, le digne prélat s'opposa avec
une noble énergie à ce remboursement forcé, et son vote indépendant eut
beaucoup d'influence sur le projet de loi. Lors de la reproduction de
cette loi, quelque peu modifiée (le trois pour cent), M. de Quélen émit
son opinion de la manière suivante : «En réclamant pour la
classe qui souffre davantage, dit l'honorable prélat, je suis loin de
rester indifférent aux intérêts des autres qui sont plus aisées, d'autant
moins que s'il y a des malheureux qui sont frappés par la diminution de ce
qu'ils possèdent, il en est d'autres encore qui sont atteints par le
retranchement, au moins momentané, que vont subir les riches d'un superflu
qui tournerait au profit de la charité. On nous a dit avec esprit que la
réduction des rentes ne ferait fermer ni un théâtre ni une guinguette.
Cela est possible ; et s'il est possible aussi qu'un grand nombre de ceux
dont je plaide la cause ne connaissent ni l'un ni l'autre, ne pourrait-on
pas demander, peut-être avec moins d'assurance, si la loi ne fera pas
fermer plus d'une bourse ouverte encore aux pauvres, et si le cinquième
des aumônes ne diminuera pas en proportion du cinquième des rentes
?» Nous voici enfin arrivés à l'admission de M. de Quélen au
fauteuil académique. Le cardinal de Bausset venait de mourir ;
l'archevêque de Paris n'avait pour tout bagage littéraire que quelques
Oraisons funèbres, des Lettres pastorales et des
Mandements. En d'autres temps, l'Institut eût exigé d'autres titres
; mais la voie des indulgences académiques était ouverte. MM. Frayssinous,
d'Aguesseau et Villars avaient déjà été immortalisés par ordonnance ou
même par élection ; de pareils antécédents étaient favorables au vertueux
candidat. Il fut reçu sans opposition, et il vint s'asseoir avec une
humilité toute chrétienne sur le fauteuil de l'historien de
Fénelon. Cette modestie éclata sans affectation dans le discours
du récipiendaire ; il déclara franchement qu'il ne devait son admission
dans le sénat littéraire qu'à une faveur qui toutefois n'était pas sans
exemple, et qu'il ne la considérait que comme un hommage rendu à la
religion. Il parla de son prédécesseur avec dignité, et de lui-même avec
convenance. En ce moment le président du ministère venait d'expulser le
plus poétique et le moins souple de ses collègues. L'éloge du Génie du
christianisme amena très heureusement, dans le discours du noble prélat,
l'éloge de l'illustre disgracié. Depuis, le digne et honorable duc de
Montmorency, qui put à son tour considérer son élection comme un hommage
rendu à la noblesse, s'excusa sur l'insuffisance de ses titres littéraires
; mais le silence qu'il garda à l'égard du célèbre vicomte prouvait
peut-être qu'il n'avait point oublié qu'il avait été remplacé très
civilement, mais enfin remplacé par son adroit confrère au congrès
d'Aix-la-Chapelle. Les oeuvres de M. de Quélen sont moins
volumineuses que celles de M. d'Hermopolis (qui se réduisent pourtant à
peu de chose) : nous ne connaissons de lui que les Oraisons funèbres de
Louis XVI et du duc de Berry, qu'il prononça à Saint-Sulpice et
dans l'église de Notre-Dame. Ces deux morceaux, d'un mérite littéraire
très distingué, sont surtout remarquables par la modération des
sentiments, et par le ton plein de sagesse et d'onction qui y règne. Sous
ce rapport, ils pourraient servir de modèle à certains prédicateurs qui
font quelquefois une arène passionnée de la chaire
évangélique. M. de Quélen a des moeurs douces, un langage
affectueux, et des manières élégantes. Ses traits sont gracieux, et son
maintien grave et noble à la fois ; son regard vif et doux, son front
serein et la bienveillance de son sourire tempèrent chez lui l'autorité du
caractère épiscopal. Il n'est âgé que de quarante-huit ans, et
n'a presque plus de parents ; mais les pauvres et les malheureux sont les
siens, et toujours il les a traités comme tels.
VILLÈLE (GUILLAUME-AUBIN S. S. le comte de), archevêque de BOURGES, pair de France, etc. Ce nom est inévitable
désormais dans une biographie ; si l'on s'occupe de grands hommes de
quelques classe que ce soit, on ne peut manquer ou passer sous silence le
nom de Villèle. S'agit-il d'une biographie des contemporains, le
nom de Villèle y figure ; d'une biographie de ministres, le nom de
Villèle remplit à lui seul le quart de l'ouvrage ; d'une biographie
de députés, de pairs, même de maires, Villèle y est
inévitable. Il est vrai que dans la biographie des archevêques ce
n'est plus le même Villèle, mais si ce n'est lui c'est quelqu'un des
siens. M. de Villèle, archevêque de Bourges, est un respectable
prélat qui naquit dans le diocèse de Toulouse le 12 février 1770, et qui
ne fut sacré évêque de Soissons que le 24 septembre 1820. Il fut fait
archevêque et pair de France presque successivement. Comme pair
de France M. de Villèle ne s'est pas encore fait remarquer à la chambre ;
mais comme pasteur, son diocèse a été à même d'apprécier sa tolérance
évangélique et sa charité. En faut-il donc davantage pour être ministre de
la religion ? Quelques biographes prétendent que ce prélat a été
bien heureux d'avoir pour neveu un premier ministre : nous croyons au
contraire qu'il est fort malheureux pour lui maintenant de ne pouvoir pas
faire autrement que d'être l'oncle de M. de Villèle.
Note : (1) Il
nous a été de toute impossibilité de nous procurer un exemplaire de ce
mandement, qui, dit-on, fut sévèrement censuré par le conseil d'état.
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